La RDC se classe parmi les pays ayant des taux de mortalité maternelle néonatale et infantile les plus élevés au monde. En effet, les avortements non sécurisés représentent la deuxième cause de mortalité maternelle dans le pays. Ces avortements réalisés dans des conditions d’hygiène précaires concernent toutes les femmes en âge de procréer y compris les adolescentes. Pour la ville de Kinshasa seulement, on estime que 2 grossesses sur 5 se terminent par un avortement, avec une moyenne de 146 000 avortements par an (ESP Kinshasa-Gutmacher institute, 2016) ; ce qui représente 400 avortements par jour et 17 avortements par heure. Près de deux tiers de ces avortements se terminent avec des complications sévères ou modérées car les prestataires des soins offrant ces services sont pour la plupart non ou insuffisamment formés et recourent aux moyens abrasifs et dangereux pour interrompre une grossesse.
Grâce aux généreux soutiens de la fondation David & Lucile Packard et de donateurs anonymes, notre équipe PF à travers sa liaison médicale a créé et mis en place en fin d’année 2019 le programme « Access to Safe abortion Care » avec comme objectif de sensibiliser, de former et de faire un suivi des prestataires cliniques (Médecins, infirmiers et sages-femmes) impliqués dans la santé génésique. Pour ce faire, nous avons développé le concept « Safe Abortion One Day training » : une stratégie de sensibilisation et de formation courte, intensive et efficiente permettant aux prestataires cliniques des zones de santé du pays (cliniques privées et/ou Cliniques étatiques) d’apprendre l’utilisation correcte des produits recommandés par l’OMS pour les évacuations utérines (seringue d’aspiration manuelle intra-utérine « AMIU », association Mifépristone-Misoprostol « Mifepack » et le misoprostol seul « Miso200 »).
Ainsi, plus de 40 sessions « Safe abortion One Day Training» ont pu être organisées à ce jour. En effet, du 6 au 7 juillet 2021, DKT a tenu 2 sessions de Safe abortion One Day Training dans la division provinciale de la Tshopo (à Kisangani) regroupant 300 prestataires cliniques provenant des 5 Zones de santé de la ville (Makiso, Kabondo, Tshopo, Mangobo et Lubunga). Le thème retenu était « Evacuations utérines : méthodes sûres, efficaces et abordables ». Une initiative applaudie par le chef de division de la santé de la Tshopo. « Il est inadmissible de refuser les soins d’avortement à une femme compte tenu des considérations d’ordre personnelle ; cela pourrait la pousser à recourir à des pratiques néfastes qui peuvent compromettre sa maternité ou emporter sa vie », dit le Dr Francis BAELONGANDI. Suite à cela, le Médecin coordonnateur provincial, Dr Mokaria, a exhorté chaque clinicien à adopter les moyens recommandés par l’OMS pour les évacuations utérines et la lutte contre les hémorragies après un avortement ou un accouchement. « L’adoption de ces nouvelles attitudes sauvera la vie de plusieurs femmes », rajouta-t-elle.
En plus des informations sur les indications du Misoprostol et du Mifepack, leur utilisation dans la pratique quotidienne de gynécologie et d’obstétrique, et les informations sur la technique d’AMIU et du traitement de la seringue afin de prévenir l’infection, DKT a rappelé les dispositions légales en matière d’avortement en RDC ainsi que les normes et directives des soins complets d’avortement centrés sur la femme en RDC. A la fin de l’activité chaque structure sanitaire représentée s’est procurée d’un kit d’AMIU et d’autres produits DKT pour les SCA (Soins Complets d’Avortement) leur permettant de fournir des soins de qualité aux clientes et patientes qui présenteront des besoins en soins d’avortement.